« Cher Journal,

C’est la première fois que je t’écris, donc je suppose qu’il faut que je me présente en premier lieu, sinon, tu ne connaitras que de moi mes pensées les plus intimes, en oubliant le reste. Le pourquoi du comment. Je m’appelle Lucas. Lucas Dean Weightman pour être exact. J’ai dix neuf ans, et toute la vie devant moi. Tu connais la série Supernatural ? Je suis sûr que oui. Donc, tu connais aussi Dean Winchester, n’est-ce pas ? Je suis sûr que si tu étais une fille tu baverais devant lui et crierais son nom ! Mais tu es un garçon, même si, à tout bien réfléchir, je n’en ai pas la moindre preuve. Cela dit, J’AI décidé que tu serais un garçon, donc un tu es un garçon. Bref ! Va savoir si c’est à cause du prénom, où si c’est parce que j’ai trop entendu parler de la série, mais j’ai plus ou moins la même répartie que lui. Bon… D’accord, c’est peut-être pour impressionner les filles. D’une part, parce qu’elles sont toutes dingues de ce Jensen Ackles, et de son personnage dans la série, et puis, aussi, parce qu’un homme ayant de l’humour, c’est classe. Apprécié en tout cas. Mais je peux être trèèèès sérieux quand je veux. Trop aussi, mais contre ma volonté. Je viens d’un milieu aisé, et l’éducation que mes parents se sont voués à m’enseigner est loin d’être une partie de plaisir. Alors oui, je peux être le gentleman idéal, parfait, mais je peux aussi être le grand déconneur toujours partant à faire ceci ou cela. A croire que je suis schizophrène, mais non, même pas ! Enfin, c’est tout comme en fin de compte. Vois-tu cher journal, il y a Lucas, et il y a Dean. Lucas, c’est moi, version parfaite. Oui voilà, la perfection, enfin celle de mes parents en tout cas. « Mange ta soupe, allez brosse toi les dents Touche pas ça, dis papa, dis maman ♫ » Une sorte de petite soldat qui écoute tout ce qu’on lui dit. Oui, voilà, ça c’est moi, enfin une partie. Et Dean, c’est plutôt le genre de type à répondre « à dada prout prout cadet, à cheval sur mon bidet ». Si ça ne tenait qu’à moi, cher petit journal, je vivrais la vie de Dean tous les jours, mais malheureusement, je n’ai pas le choix. Bref. Ce que j’aime ? Ma famille. Bah oui, quand même ! Je n’aime juste pas la façon dont ils nous ont éduqués, Noah et moi, mais ça n’empêche que je les aime, au fond. Noah, c’est mon grand frère. Un tantinet, bon d’accord, beaucoup coincé. Et ça, j’aime pas. Son balai, je vais le lui sortir, tu verras ! Mais je mets des gants avant, hein ! Et puis, tu as encore beaucoup de choses à savoir sur moi, mais… Vois-tu, je pense t’en avoir assez dit pour aujourd’hui. Si je te racontais la suite, d’une part, tu prendrais la fuite, et d’autres, tu ne digéreras pas tout d’un coup…. Prends ton mal en patience tiens. »

« On peut conduire un cheval à l'abreuvoir, mais non le forcer à boire. »

On est tous arrivés là de la même manière. Papa et maman sont allés nous cueillir soit dans un chou, pour les garçons, soit dans une rose, pour les filles. Ou pas. Non, sérieusement, on a tous été conçus de la même façon, c'est-à-dire de l’union d’un homme et d’une femme, qui s’aimaient, ou non. Et puis, neuf mois plus tard, pouf, nous voilà. En ce qui concerne notre enfance, elle est plus ou moins heureuse pour chacun de nous, mais, dans tous les cas, on apprend tous à marcher, à parler, à aller sur le pot, à ne pas mettre les coudes sur la table, à ne pas pousser de jurons, à aimer son prochain, etc… Mais pour celle du jeune homme, il en est légèrement autrement. Le nom de Weightman ne passe pas inaperçu, et pour cause, ils sont riches, ils n’ont jamais manqués de rien. La haute société d’Angleterre, oui, c’était ça, malheureusement pour lui. Du coup, il eut encore plus de règles à apprendre et surtout à respecter que n’importe quel autre enfant. En plus du « ne fait pas ci ne fait pas ça » habituel s’ajoutait un « mange ceci, et comme ça, croit en ci, pas en ça, aime celui-ci et pas celui-là, parle comme ci, danse comme ça ». Toutes les mondanités, en fin de compte, et ce, dès son plus jeune âge. C’était ça les joies de l’aristocratie… On décidait de tout à votre place. Vous n’étiez là que pour réaliser les projets de vos parents. Tel un pion sur un échiquier, on vous condamnait à suivre une route bien précise, sans possibilité de détour ou de raccourci. Certains aiment cela, ayant peur de faire des choix, d’autres ne supportent pas cette idée, n’aimant pas qu’on leur dicte quoi faire. Mais à, à peine quelques années, on est encore bien trop jeune pour comprendre tout cela… Alors, on écoute ce que disent papa et maman, tout simplement.

« Qui est en enfer ne sait pas que le ciel existe. »

A l’adolescence, par contre, on commence à ouvrir les yeux et à voir ce qu’enfant on ne voyait pas, et pas seulement en ce qui concerne le caractère érotique des dessins animés Disney. C’est là qu’on se rend compte que tout le monde fait des erreurs. Les parents comme les enfants, surtout à l’adolescence d’ailleurs. Bien qu’avec des parents comme les siens, le jeune homme ne put pas vraiment se permettre de se détourner du droit chemin. La seule chose qu’il se permit, et qui lui valut une crise hystérique de la part de sa mère d’ailleurs, fut de commencer à fumer. Son père, lui, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Au contraire, il avait tendance à lui tendre des cigares plutôt que des simples cigarettes. « Ca fait plus classe » lui disait-il toujours. La classe. C’était le seul mot que son père avait à la bouche. Enfin, pas exactement le seul, puisque les mots « réputation » ; « renommée » ; « avenir » ; « richesse » revenaient régulièrement. Mais le champ lexical était là, et l’idée aussi. C’était amplement suffisant. Toujours était-il que c’était l’une de ses erreurs, si l’on pouvait vraiment appeler ça comme ça. Dans ce milieu, on n’avait pas franchement droit à l’erreur. Tout ce qui comptait, c’était les apparences. Sourire lorsqu’un appareil photo s’approchait. Sourire, même lorsque la blague de l’homme en face n’était absolument pas drôle. Complimenter cette femme pour sa robe même si honnêtement elle était laide. Prétendre que tout va pour le mieux lorsqu’on va mal. Parce que non, on n’avait pas le droit d’aller mal. Il fallait être chic, être beau, être classe, encore et toujours. Il fallait même faire une bise à cette vielle peau de vache, qui, une fois le dos tourné, maudissait tout le monde. Les apparences, il n’y avait que cela de vrai dans ce monde-là. Et c’est à ce moment que Dean apparut. Il fallait qu’il décompresse. Il ne supportait pas de se comporter comme un parfait petit soldat à longueur de temps. C’est donc au lycée qu’il a commencé à se créer ce personnage de petit marrant, sans pour autant s’attirer des ennuis. Ô grand jamais, surtout pas ! Jamais il n’était allé dans le bureau de proviseur. Jamais il n’avait pas la moindre connerie. Il se tenait à carreaux, mais aimait bien faire rire les filles. Et c’est parce que son humour plaisant – ne me demandez pas pourquoi – qu’il s’intéressa de plus en plus aux filles. Voilà la première, Cyrielle. La première, et malheureusement pas la dernière. Celle avec qui il expérimenta toutes les premières fois qu’on puisse imaginer, ou presque. Pis, il y eut Ciara, Jolene, et pleins d’autres. Mais celle qui le marqua le plus fut sans aucun doute Ariel. Une blonde, avec un QI digne d’un petit pois, et encore… C’était gentil. En y rependant, il se souvenait surtout de leur rupture, et à chaque fois, il ne pouvait s’empêcher de rire.

LUCAS ▬ Petite sirène, est-ce que je t’ai déjà dit que j’avais un faible pour les brunes ?
ARIEL ▬ Lucas… Je suis blonde.
LUCAS ▬ Je sais. C’est pour ça que je te le dis.
ARIEL ▬ Alors quoi, tu veux que je me teigne les cheveux, c’est ça ?
LUCAS ▬ Non non petite sirène, je veux que tu retournes dans l’océan.
ARIEL ▬ Oh ! Tu m’invites à passer un week-end au bord de la plage ! T’es trop mignon Lulu.
LUCAS, serrant la mâchoire ▬ Pas exactement non. Je te propose juste d’aller te trouver un autre euh… comment t’as dis déjà ? Ah oui, « Lulu » trèèès loin de moi, sur la place, si tu veux.
ARIEL ▬ Je comprends pas.
LUCAS ▬ Je vois ça oui…Toi, moi, c’est terminé, dit-il en mimant ce qu’il disait.

« Les idées, c'est comme les gosses. Il ne suffit pas de les avoir, il faut les élever. »

Lucas, enfin surtout Dean, aimait les jeunes femmes, oui, aucun doute là-dessus. Il était bel et bien hétérosexuel, c’était sûr et certain. Il aimait aussi sa liberté, et s’amuser. Le sérieux, ça ne l’intéressait pas tant que ça, tout du moins pas au début. Les filles comme Ariel, il en avait rencontré quelques unes, à la différence près que les autres avaient un cerveau, ne serait-ce que tout petit, et savaient, au moins un minimum, l’utiliser. Tout changea lorsqu’il rencontra Jordan. Elle était belle, mais, tellement aux antipodes du jeune homme qu’il n’osa même pas y penser plus longtemps. Si ses parents savaient qu’il sortait avec une fille comme elle, ils le tueraient sur place. Elle était loin de ce que Mr et Mrs Weightman auraient pu appeler « perfection »… Au contraire. Selon eux, elle aurait été l’incarnation même de Satan. Peut-être bien, mais… Dieu qu’elle était belle. Et là encore Lucas serait mort sur place pour avoir osé approcher ces deux termes. Jordan, elle aimait l’aventure, le risque, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds, c’était elle qui marchait sur les pieds des autres. Elle lui plaisait tellement qu’il tenta de lui parler, un jour, après les cours, alors qu’elle allait partir.

LUCAS ▬ Salut, moi c’est Lucas, mais appelle moi Dean, lui dit-il en lui faisant un sourire de tombeur digne de celui de Flynn dans Raiponce.
JORDAN ▬ Qu’est-ce que je peux pour toi, peut importe qui tu es ?
LUCAS ▬ Lucas. Dean c’est mon second prénom, et c’est celui que j’préf…
JORDAN ▬ Bla bla bla. Viens en au fait s’il te plait. J’suis pressée.
LUCAS ▬ Euh… Ouais. Okay. Un diner vendredi soir ça te tente ?
JORDAN ▬ Yop.
LUCAS ▬ Yop ? J’prends ça pour un oui alors. Cool ! Je passe te chercher vers 19 heures ?
JORDAN ▬ Pas vraiment, non.
LUCAS ▬ 20 alors ? ou plutôt 18 ?
JORDAN ▬ Ni l’un ni l’autre. J’vais diner oui, mais pas avec toi. Désolée mon chou.

Premier vrai et gros râteau. Elle lui en avait faite voir de toutes les couleurs, au début. Vous ne pouvez même pas vous imaginez à quel point elle lui en avait fait mordre la poussière. Mais il n’aimait pas rester sur un échec, et puis, cette fille le rendait vraiment dingue. Un peu comme une sirène oui, mais pas la même que la première plus haut. Non, non ! Loin d’Ariel, trèèèèès loin ! Elle, c’était une sirène de la mythologie grecque, et non une sortie tout droit des Walt Disneys. Jordan était d’une beauté incroyable, elle avait ce charme qui attirait irréfutablement tout homme normalement constitué vers elle, mais en même temps, ce caractère, cette carapace ou peu importe ce que c’était. Elle le repoussait, oui, mais au fond, elle l’aimait bien. Il insista, encore et encore, employant toute sorte de ruse pour passer quelques minutes avec elle. Et puis, ils finirent dans le même lit. Une fois. Deux fois. Quatre. Sept… Et bien d’autres. Mais bien sûr, lorsque Mr et Mrs Weightman le découvrir les choses se gâtèrent.

MR WEIGHTMAN ▬ Lucas, je t’interdis formellement de revoir cette fille !
LUCAS ▬ Qu… quoi ? Pourquoi ?
MRS WEIGHTMAN ▬ Parce que c’est le démon en personne voyons ! Elle n’a pas une bonne influence sur toi.
MR WEIGHTMAN ▬ Ce n’est pas discutable. Tu fais honte à la famille en fréquentant cette jeune femme !
LUCAS ▬ Mais…
MR WEIGHTMAN ▬ Il n’y a pas de mais qui tienne ! Tu ne la reverras pas, un point c’est tout !

Ainsi s’acheva leur histoire. Il dut rompre, bien qu’ils n’étaient pas « officiellement » ensembles, et se contentait de se voir en cachète. Malgré tout, fiancé ou non, cela ne l'empêche en rien d'aller draguer à droite à gauche.

« ▬ Vous n’êtes pas ici par hasard, appelez ça comme vous voudrez, le sort, le destin…
▬ Mes parents… »

Ce fut il y a à peine un an, soit quelques mois seulement après que ses parents l’ait forcé à rompre avec Jordan, que ceux-ci lui annoncèrent une nouvelle des plus effroyable pour lui… S’il s’était attendu à pareil choc, il aurait sans doute… Non, en fait, il n’aurait rien pu faire, car jamais une telle idée ne lui aurait traversé l’esprit. Les Hudson, amis de la famille Weightman avaient été invité à diner à la maison ce soir-là. Il aurait du se douter de quelque chose, mais non… Il n’avait pu penser que ses parents lui ferraient un coup comme celui-ci.

MRS WEIGHTMAN ▬ Lucas, mon chéri, nous avons quelque chose à t’annoncer.

Rien que là, ça sentait mauvais. Le jeune homme déglutit, s’attendant à tout, sauf à ce qui allait suivre. Au pire, il s’était déjà vu dans un pensionnat, une école privée, une sorte de couvent, mais pour les hommes… Tout, mais pas ce qui arriva.

MR WEIGHTMAN ▬ Nous ne pensions pas que tu serais le premier à en arriver là, mais, le destin nous réserve bien des surprises, n’est-ce pas ?
MRS WEIGHTMAN ▬ Tu vas épouser Quinn, dit-elle toute excitée.

Hein ? Il allait quoi ? Le jeune homme resta bouche bée. Quinn, c’était la fille assise en face de lui, la fille des Hudson. Elle n’était pas laide, loin de là, mais… Pourquoi voulaient-ils le marier ? Et pourquoi Noah n’avait-il pas du passer par là en premier ? Pourquoi lui ? Il ne pouvait pas faire une scène devant les Hudson, alors, Lucas se contenta de sourire, comme un idiot, alors qu’intérieurement, il avait envie de prendre ses jambes à son cou et de s’enfuir. Tout ça parce qu’il avait osé prendre un peu de bon temps avec Jordan. C’était évident en fait, ils n’avaient pas digérer ça… Pour ne pas qu’il recommence ils avaient décidés de le fiancer, sans son consentement bien sûr. De toute façon, il n’avait pas son mot à dire… Malgré tout, il pensait toujours à Jordan, même si depuis, il ne l’avait pas revu…

« Ce n'est pas la star qui fait l'audience, mais l'audience qui fait la star. »

Aujourd’hui, Lucas étudie le journalisme, et vit chez son frère ainé, Noah. Il est toujours fiancé à Quinn, cette fille dont il ne sait rien, ou presque, et qu’il n’aime pas le moins du monde. Il pense toujours à Jordan, et se demande ce qu’elle devient. Aujourd’hui, Lucas n’a plus qu’une seule envie en tête, c’est de décoincer son frère. Pourquoi ? Parce que, d’une part, ça l’occupe. Et Deuxièmement, s’il ne se déclare pas rapidement, Cosette risque de lui passer sous le nez, après tout, tout est possible. Sans compter le fait que sait-on jamais si leurs parents aient une soudaine envie de le marier, lui aussi… Cela dit, si ça tombait sur Cosette, ce serrait chouette, pour lui, en tout cas. Les deux frères ne se connaissent pas plus que ça au fond. Ils ne discutent pas vraiment, ou jamais en profondeur, si l’on peut dire. Pourquoi ? Lucas ne sait tout simplement pas comment aborder son frère, et celui-ci est d’une timidité extrême. Mais c’est un peu grâce à celle-ci qu’ils ne sont pas non plus de parfaits inconnus l’un pour l’autre. Finalement, vivre avec Noah, c’est plutôt marrant… Cela peut parfois donner des scènes hilarantes. Comme celle qui s’est passée, il y a un peu plus de deux semaines. Lucas était dans la salle de bain, dans la douche, à une heure très matinale, tandis que son frère dormait toujours. Voyant la radio non loin de lui, Lucas ne put résister. Il l’alluma et la mit à fond. Et il commença à chanter, sous la douche.

LUCAS ▬ Ra, Ra, Rasputin, Lover of the Russian queen, there was a cat that really was gone, RA RA RASPUTIN, chanta-t-il de plus en plus fort, ce qui ne tarda pas à éveiller son frère ainé.
NOAH ▬ Lucas ! Lucas ! Éteins cette radio tout de suite !
LUCAS ▬ RUSSIA’S GREATEST LOVE MACHINE, IT WAS A SHAME HOW HE CARRIED ON !
NOAH ▬ LUCAAAAAS !
LUCAS, sortant de la douche, accrochant une serviette autour de sa taille et sortant de la salle de bain, se retrouvant nez à nez avec Noah ▬ Ah ! Enfin réveillé !
NOAH ▬ Grâce à qui ?
LUCAS ▬ Laisse moi deviner… Ton réveil ?
NOAH ▬ Pas vraiment… Non… Merci pour mon sommeil.
LUCAS ▬ Oh mais je t’en prie !

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